Après la mort de son mari, « Il fallait que la ferme survive »
Après le décès brutal de son mari dans un accident de tracteur, Estelle André a su trouver en elle et auprès des autres les ressources pour faire face. Elle a décidé d’abandonner son emploi salarié et de reprendre l’exploitation avec son troupeau de limousines.
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« Il fallait que la ferme survive. Je le devais à Jean-Paul, qui avait investi tant d’énergie dans l’exploitation, dans le troupeau de limousines qu’il avait patiemment monté toutes ces années. J’avais un devoir de loyauté envers son métier, sa passion. » Lorsqu’en août 2019, son époux décède dans un accident de tracteur, Estelle André doit rapidement faire face pour ne pas sombrer et assumer les tâches qui s’avèrent complexes. D’autant qu’elle n’était pas impliquée sur la ferme et travaillait comme contrôleuse fiscale à la DDT de la Meurthe-et-Moselle.
L’exploitation fait 120 hectares, avec un troupeau de 80 mères allaitantes, tout en bio, à Reillon. « J’avais ma petite vie de salariée, des horaires réguliers, raconte cette femme calme mais déterminée. Je ne me rendais pas compte de tout le boulot que mon mari abattait, de toute la charge mentale qu’il avait. Mais j’ai pris la décision d’abandonner mon emploi et de continuer l’exploitation. Mon fils aîné, aujourd’hui informaticien, m’a tout de suite prévenu qu’il ne s’impliquerait pas. À l’époque, mes deux autres filles avaient 8 et 19 ans. Suivi des cultures, administratif, règles sanitaires… Je n’y connaissais rien, j’ai dû tout apprendre. Être agriculteur, c’est cent métiers en un ! »
Aide de Solidarité Paysans Lorraine
C’est dans le réseau de son conjoint qu’Estelle trouve du soutien. « Jean-Paul était quelqu’un de très engagé, précise-t-elle. Il avait cocréé “Les Fermes Vertes”, un réseau de vente en circuit court et participé à la constitution de la coopérative Probiolor (1). Je me suis tournée vers les acteurs de ces structures pour avancer. J’ai aussi été aidée par l’association Solidarité Paysans Lorraine, insuffisamment connue et sollicitée. Puis j’ai embauché un salarié, Fabian, avec qui je suis désormais associée. »
Aujourd’hui, l’exploitation a développé la vente directe de viande et la ferme fonctionne bien. Avec une certitude pour Estelle : « Il y a quinze ans, jamais je n’aurais su trouver les ressources pour faire face. Après le décès de Jean-Paul, j’ai dû faire des choix, mais je suis devenue actrice de ma vie. Cet événement brutal lui a donné un nouveau sens. »
(1) Unique coopérative de céréales bio de Lorraine.
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